Nous partîmes trois et arrivâmes quinze au port de
Larros... En ce samedi 27 juillet 2002, les pinasses du Bassin avaient rendez-vous pour une fête estivale. Après un échouage volontaire sur l’Île ensoleillée, l’ambiance est conviviale. Dégustation d’huître sur les bords des bateaux de bois, rencontres entre les équipages de ces belles d’antan, toujours fringantes, pique-nique festif : pain de poisson et salade de l’été, pain du fournil et crumble pour couronner le tout... Sur la
Bernic, chacun s’affaire, qui au nettoyage, qui à la confection des guirlandes d’hortensias. Un groupe haut en couleurs de vahinés du Bassin nous divertit par ses danses endiablées. Alors que Marie Hélène tire l’aiguille entre deux bouchées, Babeth lui tend les fleurs colorées entre deux baisers volés dans le roof (ah, jeunesse, jeunesse !). Juliette, en robe blanche et emparasolée d’une capeline orange, repart à la pêche aux crabes dans les esteys tandis que Régis pilote son cerf-volant d’une main de maître. Charlie commence à ressentir des brûlures sur les pieds alors que les cousines Camille et Florence visitent notre domaine de sable alentour, bronzent et plongent de temps à autre leurs mains vers des crabes rouges ou verts affolés. Rodolphe se promène, exhibant fièrement un collier de coquillages dont la provenance n’est sûrement pas nos rivages d’Aquitaine..
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Oubliant la crème solaire,
Sylvie s’acquitte consciencieusement du reportage de cette grande
journée qui restera à coup sûr dans les annales – au moins
familiales ! Le soleil descend sur l’horizon, la marée remonte
vers les navires échoués. Après une baignade bienfaisante – et
méritée -, il faut secouer la léthargie d’un plein après-midi de
grand air et de soleil. Guirlandes de Noël ou d’hortensias, bouquets de
tournesols, cocardes patriotiques ornent nos vieilles demoiselles. Quinze
pinasses ainsi parées voguent vers le Teychan, puis Gujan, balise K9,
prenant tout leur temps. Quelle émotion de voir ce lent cortège sur l’eau,
dans la lumière rasante du soir. Bientôt, ce défilé clôturera la
régate de pinasses à voile de Larros le soir venu. Voilà justement les
pinassotes et leurs coques effilées devant Gujan. Quelle grâce !
Elles vont et virevoltent pour faire admirer leurs lignes sobres et
élégantes. C’est alors qu’un naufragé volontaire apparaît à notre
bord : son embarcation a déchiré sa voile, elle ne passera pas la
ligne d’arrivée. Il nous complimente sur la décoration de notre
pinasse et nous invite à passer un jour prochain à Arcachon faire un
tour sur sa pinassote
Enfin, voilà le grand moment que nous avons attendu tout le jour sous un soleil resplendissant : docilement, en file indienne, les belles du jour |
font leur entrée dans le petit port ostréicole, entre les rangées de cabanes illuminées, sous les applaudissements d’une foule assemblée sur la digue. Bataille de fleurs entre les embarcations, l’ambiance est bon enfant. Chacune a droit à sa minute de célébrité, décrite dans son intimité : chantier, date de naissance, port d’attache, nom du propriétaire... quelle fierté ! C’est la consécration du bonheur tranquille, un pied de nez aux monstres modernes qui font rugir leurs chevaux sur tout le Bassin et aux jet-skis si bruyants, tous conquérants à une vitesse inutile. Il fait bientôt nuit, la lune ronde va sceller cette journée de rêve.
On se souviendra avec émotion, parmi les équipages, de cette fête réussie dédiée à nos amies les pinasses. Qu’elles hantent toujours les eaux magiques du Bassin !
Sylvie Jeanson
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